Nuit Blanche, par Pierre Gutwirth

Nuitblanche-PG-657x1024Publié par les éditions Pierre Philippe, créées il y a deux ans à Genève, Nuit blanche aborde le thème délicat du suicide d’un adolescent. Si le texte se présente sous la forme d’une fiction, c’est bien le drame vécu par un père qui est exposé. Un père qui décide de revivre les dernières semaines de son enfant : c’est là que se situent les meilleures pages du livre, lorsque le narrateur bascule progressivement dans la folie en voulant ressembler à – puis devenir – ce fils disparu.

Ecrire sur un sujet aussi bouleversant est un pari risqué : conscient de l’écueil, l’auteur a souhaité, comme il l’explique en quatrième de couverture, ne pas livrer une « chronique larmoyante ». C’est au travers de Mélodie, une jeune employée de la Poste qui ouvrira un envoi contenant un manuscrit, que l’histoire est amenée. C’est elle qui tournera les pages du récit qu’elle découvre en même temps que le lecteur. Si le procédé est intéressant, on regrette ici qu’il apparaisse un peu comme un prétexte dont on ne saisit pas forcément la nécessité, ceci d’autant plus que la personnalité de Mélodie se laisse découvrir dans les toutes dernières pages du roman, et que le personnage est plus esquissé que réellement construit : alors qu’on aurait pu attendre une réelle « interaction » entre cette lectrice clandestine et le récit, on reste sur notre faim.

Il rédigea une lettre destinée à Anita, Maria et Mario, les assurant qu’ils n’avaient aucune raison de s’inquiéter à son sujet. Il expliquait, en quelques lignes, devoir suivre le même chemin que Gaëtan afin de mieux comprendre ce fils trop absent vers lequel il souhaitait à présent aller. Il se réjouissait de pouvoir transmettre cette nouvelle connaissance de la vie et de la mort à tous les Parents du Monde afin de leur éviter de devoir choisir le même chemin. Il ajoutait que son sacrifie était nécessaire.

Avec Nuit blanche, Pierre Gutwirth livre un roman très intime. Le thème est tellement sensible que l’ouvrage ne peut pas ne pas osciller entre fiction et témoignage : ce mélange des genres, évidemment compréhensible, nous semble exercer un effet négatif sur la qualité générale du récit. On retrouve cette imbrication dans les intention explicitées par l’auteur, ici encore en quatrième de couverture : « sensibiliser les Parents du Monde aux dangers et pièges insoupçonnés qui jalonnent le long chemin de l’adolescence ». Dans une interview donnée à « Tribunes romandes », l’auteur explique encore avoir voulu adresser une parole aux parents du monde : « Réussissez, là où nous avons échoué ». Si le dessein est on ne peut plus louable, on peut regretter qu’une telle posture prescriptive prenne parfois le pas sur la qualité strictement littéraire du texte.

A propos du style, Pierre Gutwirth affectionne les longues phrases riches en images et en tournures élégantes, prenant parfois le risque de glisser vers une certaine emphase. La langue est belle, très travaillée, parfois un peu trop, au détriment de la sensation de connivence avec le lecteur qui se voit ainsi quelque peu mis en distance. L’auteur utilise toutefois un ton qui laisse beaucoup de place aux clins d’oeil et à une pointe d’humour décalé, ce qui rend la lecture du récit agréable.

A condition de le prendre et de le lire comme un témoignage permettant de se mettre dans la tête d’un père ayant perdu son fils suicidé, Nuit blanche est un livre intéressant et riche, très bien écrit par un auteur assurément talentueux. Bien que la couverture parle d’un « roman qui se situe à mi-chemin entre thriller et conte surréaliste », il nous semble toutefois difficile de le qualifier ainsi.

Nuit blanche, de Pierre Gutwirth
Ed. Pierre Philippe
juin 2013, 193 pages

L’auteur : Pierre Gutwirth est né en 1951 et habite à Genève. Il consacre son temps à la musique, la littérature, l’écriture et l’aviation.

 

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Commentaires
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Un commentaire

  1. C’est avec beaucoup de peine que je vais essayer de terminer ce livre qui pour moi est plutôt mal écrit. Les phrases, trop longues, deviennent souvent incompréhensibles, voire illisibles! Mais ce qui me navre beaucoup plus, ce sont les innombrables fautes d’orthographe, de syntaxe et de conjugaison que contient ce roman. A aucun moment on n’est touché par le drame qui s’y déroule, tant le style est ampoulé et touffu. Je ne comprends pas qu’un éditeur sérieux puisse publier un ouvrage en y laissant subsister tant d’erreurs. Aucune critique n’y fait allusion dans ce que j’ai pu lire et c’est bien dommage, car il y aurait lieu en l’occurrence de relire impérativement le livre et de gommer toutes les imperfections qui en gênent sérieusement la lecture.

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