Bohemian Rhapsody (film), Bryan Singer, 2018

Remarquable biopic retraçant la vie de Freddie Mercury, de ses débuts avec Queen jusqu’à l’apogée du concert Live Aid de 1985. Incarnant Mercury, Rami Malek est formidable, tant par la ressemblance physique que par son jeu d’acteur, presque aussi énergique que l’original.

Plaisir de (re)découvrir la naissance et l’ascension d’un groupe légendaire et de son leader. Au niveau du scénario, quelques regrets dans ces libertés prises par rapport à l’histoire, notamment dans cette pseudo séparation et cette aventure munichoise, certes compréhensibles d’un point de vue de la dramatisation mais qui laissent un arrière-goût d’adaptation du réel. On pourrait regretter aussi une ou deux scènes un peu longues, à l’image de ce clash sous la pluie bien théâtral.

Versant parfois dans l’hagiographie, le film semble laisser de côté tout un pan de la personnalité et de la vie de Freddie Mercury. La focalisation sur Mary Austin, qui a effectivement joué un rôle capital durant toute la vie du chanteur, se fait peut-être au détriment du Freddie plus scandaleusement gay et de sa relation maritale avec Jim Hutton. Hutton fait figure de grand absent de ce biopic.

Le film s’arrête (assez abruptement) sur un Mercury au zénith de sa carrière, juste après le désormais mythique concert du Live Aid (il faut revoir, sur youtube ou ailleurs, la prestation de Queen lors de cet événement : 20 minutes indescriptibles de puissance et de communion absolue avec le public, qui seront jugées comme l’une des meilleurs prestations scéniques de l’histoire du rock). Du Freddie Mercury de la fin des années 1980 on ne saura rien : tel parti pris, s’il est évidemment respectable, laisse dans l’ombre les années d’amour mais aussi de souffrance d’un Mercury se sachant malade, son besoin de s’extraire de l’agitation l’amenant à s’établir à Montreux (« If you want peace of mind, come to Montreux », disait-il), son travail forcené, jusqu’aux derniers jours, ses dernières apparitions médiatiques, terriblement amaigri, le teint cireux, malade. Rien sur les dernières chansons et l’écriture du dernier album, Innuendo (1991), sorti quelques mois avant la mort de Mercury et teinté d’une noirceur et d’une mélancolie très inhabituelles, rien non plus sur le sublime Made in Heaven (1995), album posthume et sans aucun doute le meilleur du groupe, enregistré dans l’urgence : se sachant mourant, Mercury enregistra le plus de parties vocales possibles, charge ensuite au reste du groupe de compléter les chansons (« Get me to sing anything, write me anything and I will sing it and I will leave you as much as I possibly can. »).

En conclusion, un très bon film qui, bien que loin d’épuiser son sujet, raconte avec talent l’accession de Queen et de son leader. Un autre film, débutant où s’arrête celui-ci et exposant le déclin, aurait été possible, moins porteur commercialement mais éventuellement plus poignant.

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