Historique des indicatifs radioamateurs en Suisse

L’histoire du radioamateurisme débute en Suisse aux environs de 1911 et les premiers essais d’émission ont alors lieu sans base légale ni contrôle des autorités. Les indicatifs, non officiels, apparaissent sur les ondes et sont choisis par les OMs eux-mêmes.

Une première loi sur la télégraphie et la téléphonie entre en vigueur le 1er janvier 1924 et introduit une autorisation d’émission. La première concession officiellement attribuée en Suisse date du 30 avril 1926 : sous l’indicatif H9XA (plus tard HB9A), Heinrich Degler, qui fondera plus tard l’USKA, devient le premier radioamateur licencié du pays. La Lausannoise Madeline Moret, par ailleurs personnalité de la lutte féministe en Suisse, obtient la huitième concession de radioamateur, le 1 mai 1927 (H9XF, plus tard HB9F).

En 1929, la Suisse compte 10 radioamateurs licenciés officiellement et bien plus d’écouteurs. Le passage des indicatifs de H9Xx à HB9x (radioamateurs) et de H9Rn à HBRn (radioécouteurs, le « n » étant un numéro à 1, 2 ou 3 chiffres) a lieu cette année, en même temps que les plages de fréquences disponibles sont fortement réduites au niveau mondial (Convention radiotélégraphique internationale de Washington de 1927, qui attribue les bandes de 160m, 80m, 42m, 20m, 10m et 5m aux amateurs).

A cette époque, l’activité radioamateur se développe principalement en Suisse romande et en particulier à Lausanne : on peut lire dans le numéro du mois d’août 1929 du T. & R. Bulletin de la Radio society of Great Britain cette notice envoyée par XHB9MQ : « Les conditions pour le trafic radioamateur dans notre pays sont très difficiles, très peu de stations étant en possession d’une licence officielle. Parmi les licenciés, HB9D (Zurich) opère en téléphonie sur 41.5 mètres, HB9F (Lausanne), qui est d’ailleurs une femme, HB9Y et 9G (aussi de Lausanne) sont les plus actifs. » Des tensions existent à cette époque entre opérateurs détenteurs d’une licence officielle et stations « pirates », possédant un indicatif en HB9 mais n’ayant pas de licence, ces dernières étant parfois dénoncées aux P.T.T. Une forme de cohabitation existe toutefois entre licenciés et non licenciés, ces derniers s’attribuant un indicatif en HB9xx tandis que les indicatifs HB9x sont réservés aux amateurs officiellement reconnus par l’administration.

En 1932, une liste d’une vingtaine d’indicatifs HB9x est publiée. En 1934, les indicatifs en HBRn (radioécouteurs) sont remplacés par des indicatifs en HB9Rx : à cette époque, il était nécessaire d’obtenir une licence pour écouter les bandes amateur. Les conditions d’attribution étaient les suivantes : posséder un récepteur à ondes courtes pour 80m et 40m, tenir un journal de log, participer à un exercice d’écoute de trafic de l’USKA et envoyer un rapport.

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des indicatifs en HB7 sont brièvement utilisés à des fins d’essais : une trentaine de stations participent à ces tests qui permettent la reprise du service. Le préfixe HB7 sera à nouveau utilisé à l’occasion du cinquantenaire de l’USKA, en 1979 : les amateurs peuvent alors remplacer le « 0 » ou le « 9 » de leur indicatif par un « 7 ».

Vers 1947, de mystérieuses Fabriklizenzen sont attribuées, avec un préfixe HB8. Il semble que ces licences aient été attribuées à des constructeurs d’équipements radio : on ne trouve que très peu d’informations à ce propos. En 1947, on dénombre 18 concessions d’émission de « fabricants », sous la forme HB8Vx: toutes sont situées en Suisse allemande. Les indicatifs sous la forme HB8Wx apparaitront cette même année.

En 1948, on dénombre 184 licences d’amateurs et 24 licences HB8, attribuées à des fabriquants ou revendeurs de matériel radio.

Entre 1937 et 1962, à la suite d’une demande de l’USKA, la direction des P.T.T. attribue le préfixe HB1 aux stations suisses portables, l’opérateur remplaçant le « 9 » de son indicatif par un « 1 ». Avant cette date, les stations portables étaient identifiées par le préfixe « X- », par exemple : X-HB9A.

A partir de 1967 environ, deux types de concessions de radio-émetteurs existent en Suisse : la concession « complète » permettant l’utilisation des ondes courtes, attribuée à l’issue d’un examen de radiotélégraphiste (avec morse), donne droit à l’attribution d’un indicatif HB9Axx. La concession dite « technicien », après un examen de radiotéléphoniste qui ne comporte pas le morse, permet d’émettre uniquement sur 144MHz et 430MHz, l’indicatif correspondant étant attribué dans la plage HB9Mxx, puis HB9Pxx. Durant cette période, les indicatifs sont distribués dans l’ordre alphabétique, ce qui permettait de situer leur date de mise en service (par exemple la série HB9Dxx, dans les années 1980).

A la suite d’une réorganisation ayant lieu en 1987 (nouvelles prescriptions d’exploitation et de concession des P.T.T.), les indicatifs sont distribués par l’une des 17 Directions d’Arrondissement des Téléphones (DAT) régionales. Chaque DAT attribue alors les indicatifs selon la logique suivante : les lettres de la première moitié de l’alphabet sont réservées pour les licences 1 et 2 (complètes) et les lettres de la seconde moitié pour les licence 3 et 4. Le tableau ci-dessous précise les blocs alloués :

DAT Concessions de classe 1 et 2 Concessions de classe 3 et 4
Basel HB9EAA – HB9EZZ HB9NAA – HB9NZZ
Bellinzona HB9FAA – HB9FLZ HB9OAA – HB9OLZ
Bern HB9GAA – HB9GZZ HB9TAA – HB9TZZ
Biel HB9FMA – HB9FZZ HB9OMA – HB9OZZ
Chur HB9HAA – HB9HEZ HB9UAA – HB9UEZ
Fribourg HB9HFA – HB9HKZ HB9UFA – HB9UKZ
Genève HB9IAA – HB9IHZ HB9VAA – HB9VHZ
Lausanne HB9IIA – HB9IPZ HB9VIA – HB9VPZ
Luzern HB9JAA – HB9JMZ HB9WAA – HB9WMZ
Neuchâtel HB9HLA – HB9HPZ HB9ULA – HB9UPZ
Olten HB9KAA – HB9KMZ HB9XAA – HB9XMZ
Rapperswil HB9IQA – HB9IZZ HB9VQA – HB9VZZ
St. Gallen HB9KNA – HB9KZZ HB9XNA – HB9XZZ
Sion HB9HQA – HB9HSZ HB9UQA – HB9USZ
Thun HB9HVA – HB9HZZ HB9UVA – HB9UZZ
Winterthur HB9JNA – HB9JZZ HB9WNA – HB9WZZ
Zürich HB9LAA – HB9LZZ HB9ZAA – HB9ZZZ
Vaduz HB0HTA – HB0HUZ HB0UTA – HB0UUZ

Source : OLD-MAN, février 1988

Pour fêter le 700e anniversaire de la Confédération suisse, le préfixe « HE7 » est utilisé en 1991.

En 1995, la gestion des indicatifs est reprise par l’OFCOM, autorité de tutelle du spectre radioélectrique pour toute la Suisse.

En 2003, une décision administrative permet aux détenteurs de la licence « technicien » d’accéder à tous les privilèges de la licence complète, sans passage par l’examen de télégraphie.

Le cas du Liechtenstein

Il faudra attendre 1949 pour que des négociations entre la Suisse et le Liechtenstein se tiennent concernant l’attribution des indicatifs radio. Entre 1951 et 1963, les indicatifs au format HE9Lxx sont attribués aux OMs et YLs résidents du Lichtenstein. Entre 1957 et 1963, les licenciés suisses en visite au Lichtenstein doivent remplacer leur indicatif en HB9 par un préfixe en HB1 et ajouter un suffixe « /FL ». Dès 1964, les indicatifs en HB0 sont utilisés pour les stations actives au Lichtenstein.

Epoque contemporaine

En l’an 2000, une nouvelle licence dite « novice » est introduite, permettant d’obtenir un indicatif en HB3xxx. A l’heure actuelle, le préfixe HB4 est attribué aux stations militaires tandis que les OMs et YLs ayant passé la licence « complète » peuvent demander un indicatif dans la plage HB9xxx. Les indicatifs commençant par « HE9 » sont attribués par l’USKA aux radioécouteurs (SWL) et ne permettent pas d’émettre : ces indicatifs existent au moins depuis 1960. L’obligation de maîtrise du morse a été supprimée pour l’examen de radioamateur (licence complète) en 2003.

Des préfixes spéciaux sont parfois utilisés de manière temporaire, afin de célébrer des événements particuliers. Ainsi le préfixe HB2 a été utilisé pour célébrer le passage en l’an 2000. L’indicatif HE3RSI (première utilisation du préfixe HE3) a été utilisé entre le 1 novembre et le 5 décembre 2004 pour l’activation de l’antenne RSI du site de Sottens, aujourd’hui détruite. L’indicatif HB75A a été utilisé par l’USKA en 2004 pour célébrer son 75e anniversaire. L’indicatif HE5TELE a été utilisé pour le Téléthon 2005. Le préfixe HE8 a été utilisé pour célébrer les 80 ans de l’USKA: durant l’année 2009, les HB9 ont pu changer leur indicatif en HE8 et les HB3 en HB8.

Quelques très rares indicatifs en HB5 et HB6 ont existé, notamment HB50SH pour marquer les 50 ans de la section de Schaffhouse de l’USKA, HB5RL pour le 200e anniversaire du canton du Tessin, HB6CC pour les 60 ans de la section de Saint-Gall ou HB88YL pour une rencontre d’YLs en 2016. A noter qu’aujourd’hui, les indicatifs à une lettre (HB9x) ou deux lettres (HB9xx) ne sont remis qu’à des clubs ou associations, ceci quelques années après le décès de leur titulaire historique.

L’auteur adresse ses remerciements à Michel HB9AFO et Jean-Michel HB9DBB pour les compléments d’information.

Sources principales :

  • Old Man, publication officielle de l’USKA, archives 1932-2007

Faszination der kurzen Wellen, R. Stuber HB9T, 1978

Si vous possédez d’autres informations sur les indicatifs RA en Suisse, merci de me contacter afin d’enrichir l’article !

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