Clément Bénech – L’été slovène

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Un jeune couple à la dérive part en Slovénie le temps d’un été, pour changer d’air, pour tenter de sauver ce qui peut l’être.

Dans son premier roman, le jeune Clément Bénech, 21 ans, met en scène le déclin d’une relation amoureuse. Voici un projet littéraire assurément audacieux, tant ce genre de situation comporte inévitablement de non-dits, de sous-entendus, de regards, tant pareille expérience relève forcément du vécu immédiat, de la sensation à peine consciente. On s’attend donc – pour ma part, je me suis attendu – à ce que l’auteur nous plonge, porté par un récit en « je », dans les profondeurs et la complexité de l’âme troublée, sinon tourmentée. Y parvient-il ? Difficilement…

Selon la formule consacrée, le livre de Bénech possède « les forces et les faiblesses d’un premier roman ». Ses forces, d’abord : le ton est résolument léger, l’auteur évitant les pièges d’une introspection par trop misérabiliste, misant lorsqu’il convient sur cette pointe d’auto-dérision et d’humour qui permet de se faire pardonner plus facilement un certain nombre de lacunes. Et puis le récit est court, c’est une bonne chose, dans la mesure où – et c’est là sans doute sa principale faiblesse – il ne se passe pas grand chose. Qu’on se comprenne bien : un roman peut très bien fonctionner sans une intrigue forte, voire même sans intrigue. C’est un genre, c’est un style, et de cela peut résulter une littérature extraordinaire, pour autant qu’un certain nombre d’autres éléments soient travaillés – on pense ici principalement à la psychologie des personnages, au rendu des descriptions, à la sensibilité du regard.

Le roman de Bénech « appelle » – par son thème, par son style – une psychologie des personnes bien développée et travaillée, complexe, sinueuse, à l’image de la situation présentée. Disons-le tout de suite : on reste sur sa faim. Le portrait d’Eléna est esquissé un peu rapidement ; surtout, on parvient à grand peine à entrer dans ce « je », malgré plusieurs passages intelligents. Car il y a de l’intelligence dans ce livre, un regard aussi, souvent pertinent, parfois un peu péremptoire – le charme des vingt ans, dit-on – mais malheureusement trop peu abouti, comme laissé en plan. En à peine cent pages de gros caractères, cela ne laisse que peu de place, il est vrai, pour un réel développement.

Autre faiblesse, sans doute plus pardonnable : le style un peu plat de l’écriture. Rien de rédhibitoire toutefois, et puis c’est certain, Clément Bénech a une très jolie marge de progression devant lui. On attend avec intérêt le prochain.

Clément Bénech, L’été slovène
Flammarion 2013

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