« Jours adverses », extrait de mon premier roman

Chers amis,

Voici un extrait de mon premier roman, « Jours adverses », qui sortira en librairie à la fin du mois d’octobre.

« Je suis sorti du local en m’appuyant au mur de catelles et j’ai cherché à m’approcher du bar, mais la foule était compacte et je ne cessais de me heurter à des individus immobiles. Les bras devant le visage, je tentais de me frayer un passage parmi cette masse informe de textiles rêches et de peaux glissantes ; parfois je gagnais un peu d’espace, mais ces centimètres se comblaient immédiatement et j’étais à nouveau bloqué. On me bousculait, de partout on me poussait, j’étais ballotté au gré des spasmes de cet amas d’hommes et de femmes qui semblait devoir me prendre en étau, se refermer sur moi comme un piège : bientôt, je ne parviendrais plus à tenir debout.
J’ai continué à progresser avec peine vers la droite et, entre les corps, j’ai aperçu furtivement le dos dénudé d’une nymphette : parmi cet entassement parcouru de contractions régulières, seule cette silhouette féminine et sexuée possédait des contours humains. La vision m’a impressionné : j’apercevais une nuque, le relief de deux omoplates, le tracé régulier d’une échine. Je me suis encore approché de ce dos, au plus près, jusqu’à pouvoir le toucher, jusqu’à pouvoir discerner la texture de sa peau sous mon index, l’endroit précis ou le fin duvet laisse place à la naissance des cheveux… A partir de cet instant, les événements se sont déroulés comme dans un film. J’ai lâché prise, me suis laissé porter et balancer par le lent ressac des corps qui m’enserraient. Entre les crinières, et comme en transparence, j’apercevais au loin les lumières de la piste de danse, qui abolissaient l’obscurité en une succession d’éclairs aveuglants. La fille cherchait elle aussi à avancer, et j’ai soudain passé mon bras autour de sa taille, l’amenant violemment à moi. Elle s’est retournée, traquée et sidérée, a cherché à s’extraire de mon étreinte, peut-être a-t-elle crié mais à quoi bon ? Je la retenais contre mon torse, n’exigeais que son corps contre le mien, son dos rendu luisant par la chaleur, salé sans doute, sa nuque, et cette vigueur qu’elle manifestait en se débattant. Brusquement, elle est parvenue à me repousser et j’ai été déstabilisé, j’ai cru tomber en arrière mais d’autres chairs que je sentais appuyées contre moi ont empêché ma chute. J’ai vu son visage déformé par la surprise et la peur ; j’ai croisé son regard noir surtout, qui lançait des éclairs de haine. Je l’ai retenue en plaçant mon bras derrière elle, derrière ses fesses que je serrais à pleine main, tandis que j’agrippais de mon autre poigne ce sein qui m’était promis. J’ai voulu arracher le tissu noir qui recouvrait sa menue poitrine, mais ses gestes ont redoublé d’intensité. Alors il y a eu ce cri pathétique qui s’est à peine détaché de la musique, et elle est parvenue à m’asséner un violent coup au visage. Autour de nous, les gens s’affairaient désormais d’une manière plus aléatoire et plus agitée, et dans la confusion, j’ai senti des mains m’entourer les épaules et me traîner de l’endroit où quelques instants auparavant, je transgressais la règle du jeu. J’ai compris qu’on me tirait : en une poignée de secondes, je me suis retrouvé dehors. « 

Un deuxième extrait d’ici deux semaines…
Au plaisir, Julien

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Commentaires
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2 commentaires

  1. Bonjour et félicitations pour la sortie de vos livres. Je ne suis qu’une simple restauratrice, étrangère même dans mon propre pays, qui cherche des personnes pour parler de mes divers projets écrits et dessinés.Merci pour toute aide et conseils.

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