L’ogre du Salève, de Olivia Gerig

Céline, 17 ans, disparaît mystérieusement. Au même moment, Le Professeur Jean Pellet, fin connaisseur de(s) l’histoire(s) locale(s) et résistant durant la Seconde Guerre mondiale, est abattu à son domicile. Le commissaire Rouiller, tout juste retraité, reprend du service et débute une enquête aux multiples rebondissements.

Polar de facture classique, L’Ogre du Salève entraîne son lecteur sur les pentes de la montagne genevoise, de part et d’autre de la frontière. On a apprécié la manière avec laquelle Olivia Gerig a construit son récit à cheval entre deux époques, la nôtre, et 39-45. D’anciennes plaies sont rouvertes, des secrets de familles reviennent à la surface; l’auteure décrit finement comment, dans ces petits villages, dans ces lieux-dits, le secret, l’inavouable finit par resurgir. Bien documentée, on perçoit que l’écrivain, elle même native de la région, est intéressée par l’histoire des lieux. Elle parvient à faire ressentir ce que pouvait être l’ambiance de la Seconde Guerre mondiale dans ces campagnes du Genevois, entre rumeurs, vengeance, petites ou grandes lâchetés.

Si le premier roman d’Olivia Gerig souffre de quelques maladresses formelles (ça et là quelques répétitions inutiles, et peut-être une certaine absence de prise de risque stylistique), l’intrigue est bien construite, et ouvre le champ à une réflexion intéressante sur le poids de l’histoire et la naissance du mal. Le personnage de l’ogre, par sa dimension symbolique, est intéressant, notamment par ce qu’il nous dit du rôle des parents et de l’environnement familial dans le développement d’un être. La psychologie des personnages est bien construite, bien qu’on aurait pu imaginer un ogre plus tourmenté, plus complexe peut-être, plus humain et donc plus faible.

La nuit commençait à envelopper le village paisible de Saint-Blaise au pied du roc noir et brun que forme le Salève aux alentours de la frontière franco-suisse. Des lumières scintillaient aux fenêtres et des volutes de fumée grise s’élevaient au-dessus des toits. C’était une belle journée d’automne, baignée d’une lumière spéciale. Les anges avaient commencé leur travail de pâtisserie et, au crépuscule, le ciel s’était une nouvelle fois teinté de magnifiques couleurs pastel.

L’Ogre du Salève est un bon premier roman policier, noir comme on les aime, parcouru de mystère; tout juste peut-on encore regretter la manière un peu scolaire qu’a l’auteure d’aborder son sujet, en particulier lorsque le travail de la police scientifique et de la « profileuse » est narré (la longue digression de la psychologue, notamment, semble un peu trop adaptée d’un ouvrage universitaire). Le lecteur ne sera donc nullement surpris d’apprendre, en quatrième de couverture, que l’auteure a suivi des cours de criminologie.

Assurément Olivia Gerig est une auteure qu’on se réjouit de mieux découvrir. Son prochain livre, Impasse Khmère, est à paraître aux Editions Encre fraîche.

Olivia Gerig
L’ogre du Salève
Editions Encre fraîche, 2014
221 pp. 

L’auteure: Née à Genève, diplômée de l’Institut universitaire des Hautes Etudes internationales et du Développement, Olivia Gerig est actuellement chargée de communication dans une grande entreprise publique.

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