Pour quelques stations de métro, de Gilles de Montmollin

Metro-MONTMOLLIGilles de Montmollin publie un premier recueil de nouvelles. Il s’agit de petites saynètes contemporaines, d’instantanés de la vie lausannoise (même si la ville n’est qu’évoquée, et ne constitue jamais un personnage). Les textes sont très courts, et regroupés en trois parties thématiques : l’amour, les valeurs et la mort.

Le titre, « Pour quelques stations de métro », est doublement bien choisi : d’abord parce que le format des textes et du livre en rend la lecture bien appropriée dans les transports en commun, et parce qu’en mettant l’accent sur ce lieu singulier qu’est le métro (espace de déplacement, de rencontres, espace qui relie divers parties de la ville entre elles), il peut agir comme dénominateur commun de l’ensemble des nouvelles.

Le ton est léger, notamment dans la première partie : l’écriture de de Montmollin est fraîche comme une brise qui s’engouffrerait dans la station « Bessières » du M2. L’auteur y parle de rencontres, de non-rencontres, de la beauté des femmes, de moments heureux sans verser dans la mièvrerie. Souffle sur l’ensemble une certaine sensualité (on note l’intérêt de l’auteur pour les jambes féminines aux muscles bien ciselés!), de corps se frôlent, se pressent contre, s’évitent…

La deuxième partie, rassemblée sous « les valeurs », nous a semblé un peu moins séduisante, car fonctionnant parfois sur une morale un peu attendue, comme dans la nouvelle « Réussite » qui suggère que la réussite financière n’apporte pas le bonheur, ou dans « les vraies valeurs » qui illustre l’adage selon lequel l’argent ne fait pas le bonheur. On aurait pu s’attendre à un traitement un peu plus original ou audacieux de ces valeurs…

La troisième partie, enfin, évoque la mort avec une certaine économie des mots, et parfois avec ironie.

Au final, on a aimé les petites histoires de Gilles de Montmollin, en particulier celles qui « ne prennent pas parti » et racontent seulement ce qu’est la vie, sous différents angles.

– En amour, il y en a toujours un qui souffre et l’autre qui s’ennuie. Paraît qu’c’est du Balzac, avait déclaré le type à Angelo, de sa voix éraillée.
Le gars était clairement du côté de ceux qui souffrent: il était bourré et la lumière crue mettait en évidence les plis amers qui encadraient sa bouche.
Ce soir-là, Angelo avait mangé tard chez un vendeur de kebabs douteux. La salle respirait la tristesse de la vie, avec son mobilier en plastique et son éclairage au néon. Lui aussi avait un coup dans l’aile.

Pour quelques stations de métro
Gilles de Montmollin
Ed. Mon Village, 2013
160 pp.

L’auteur : Gilles de Montmollin est géographe de formation. Il travaille à l’Etat de Vaud. Il vit à Yverdon-les-Bains, et a publié plusieurs romans aux éditions Mon Village.

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